Tout d'un blog !
Mon blog aura bientôt cinq ans (déjà) et il m’arrive souvent d’en être insatisfaite : manque de temps, de courage, de rigueur, de plaisir. Je m’auto-censure beaucoup aussi et cela nuit tant à ma créativité qu’à cet aspect salvateur qu’écrire sur un blog peut procurer. Et cette sensation de tourner en rond avec des sujets tellement futiles, ou de voir des statistiques proches du zéro … bref, il m’est souvent arrivé, comme bon nombre de bloggeurs de me dire « ça y est, il est temps de laisser Miss Line de côté !». Un joli billet pour dire au revoir à mes quelques amis internautes et je tire ma révérence laissant place à d’autres plus fraîchement arrivés dans la blogosphère ou tout simplement ayant plus de talent et d’audimat !
Il y a cinq ans est née Miss Line et son blog. Entre mes péripéties qui faisaient sourire mes proches, une facilité à les raconter et surtout un plaisir fou à écrire, j’ai été encouragée à publier sur internet. Moi qui n’avais jamais rien écrit d’autre que des dissertations sur des sujets littéraires ou des procédures pour mon travail, j’avais enfin la possibilité d’écrire sur moi-même (quand la part de nombrilisme prend le dessus ...) mais aussi de m’inventer un personnage, un univers et jeter telle une bouteille à la mer mes textes à l’oprobe du public zappeur d’internet. D’ailleurs, la possibilité d’un public m’a permis de m’engager dans une certaine régularité grâce à ce média.
Je viens de refermer le livre Tout d’un blog de Coumarine. Coumarine est arrivée sur mon blog quasiment à ses débuts. Etre encouragée dans mon travail d’écriture par cette personne dont j’aime l’être et admire l’écriture a d’abord été pour moi une surprise et un honneur.
Coumarine était une référence pour moi dans ce monde jusqu’alors inconnu et devient par ce livre et ses billets dans ses Petites Paroles Inutiles, entre autres, une référence aussi dans ce monde virtuel, chaleureux et impitoyable de
Je me suis retrouvée lorsqu’elle évoque avec tendresse la dichotomie du blog « journal intime » (De quoi sera fait demain est catégorisé ainsi sur canalblog, même si le choix de la catégorie ne s’est fait non sans difficulté lors de son ouverture) : celle de se raconter dans l’intimité de son être tout en espérant échapper à cette auto-censure acerbe liée au fait que ces écrits deviennent publics. Son analyse de ses propres motivations à se lancer dans l’aventure du blog : « Ecrire pour moi, voilà ce que je demandais à Coumarine, du moins dans un premier temps ! Ecrire pour clarifier le présent comme le passé, réfléchir par écran interposé à propos de l’ordinaire et de l’extraordinaire » (in Tout d’un blog, p.35)
J’ai reconnu l’angoisse presque de maintenir cet équilibre fragile entre l’intime si vulnérable et la peur d’être reconnue, lue, jugée, violée presque par ceux que je fréquente dans la « vraie » vie. Et pourtant, je fus bien la première à donner l’adresse de mon blog, fière de montrer aussi mon talent ! Aujourd’hui il m’arrive d’appeler des amis pour prendre de leurs nouvelles et d’entendre en réponse : « toi je sais ce que tu deviens, j’ai lu ton blog » ! Alors entre volonté farouche de brouiller les pistes et le choix du ton de la confidence, de l’authenticité, les blogs rendraient presque ses auteurs schizophrènes.
Je me suis amusée de son analyse du relationnel engendré par nos blogs, les amitiés virtuelles, les commentaires parfois condescendants ou blessants.
J’ai aussi appris sur l’art de la séduction bloggesque et la gestion des fameuses statistiques (faut-il parler des seins de Britney Spears pour attirer du monde chez soi ?). Sa description de la spirale dans laquelle je suis tombée du premier (ou presque !) geste du matin à découvrir les commentaires de son dernier billet ou à aller aux « nouvelles » de mes blogs favoris.
J’ai pris du plaisir à relire l’histoire de cette petite sardine blog-trotteuse si attendrissante et globalement me suis retrouvée dans cette description d’une aventure bloggesque, à la fois aliénante, décourageante, valorisante et stimulante. Sa conclusion porte tout de même en moi l’espoir de prendre et donner du plaisir encore longtemps (qui sait de quoi sera fait demain d’ailleurs ?) en faisant évoluer mon blog à mon rythme. Il s’agit là d’un grand exercice d’humilité et de persévérance combinant le plaisir des mots et l’apprivoisement de cette liberté offerte grâce à internet.
En refermant le livre de Coumarine, j’avance dans ma réflexion sur ce blog et alors que les doutes souvent m’appellent, je continuerai bon gré mal gré à écrire des billets sous ce pseudo pour lequel j’ai beaucoup d’affection et de tendresse et aussi à lire des Petites paroles inutiles ici ou là en songeant à ces rencontres si enrichissantes que les blogs, par surprise, m’ont offert.