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De quoi sera fait demain ?
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4 juin 2009

Comment je me suis réconciliée avec ma balance

Combien de personnes autour de moi, essentiellement des femmes, m’ont demandé qu’elle était ma « recette magique » pour maigrir ? J’ai souvent répondu ce qu’on attendait de moi : par l’humour, ou par la provocation.

En tout cas, les faits sont là. Durant des années j’ai accumulé les kilos en trop. Certains ont été pris lorsque j’avais la pilule comme contraceptif (et certains gynéco m’assuraient mordicus que la pilule ne fait pas grossir … c’est tellement plus pratique de refiler ça à une minette de vingt ans), d’autres ont été pris lorsque l’alimentation constituait mon principal réconfort (la nourriture « doudou », vous connaissez ?), d’autres sous l’effet des anti-dépresseurs (c’est une contre-partie de ces médicaments qui aident à tenir debout, se sentir bien dans son corps devient ainsi secondaire).

J’étais arrivée à un maximum de

93 kg

. J’avais fait de moi une personne physiquement indésirable, pensais-je, et alors qu’il était si difficile de trouver un pantalon dans lequel je pouvais entrer, j’étais intronisée de ce fait dans la caste des femmes de ma famille, supportant tant de difficultés et arrondissant généreusement les courbes de notre silhouette.

Hier je suis montée sur

la Wii Fit

qui m’annonce mon poids ainsi que mon évolution sans aucune peur. Mon homme était à mes côtés et je savais que le chiffre indiqué ne pouvait me mentir. (Combien de fois j’ai accusé la balance de commettre de graves erreurs d’interprétation !).

67 kilos ! Je l’avais pressenti : je commençais à flotter dans le dernier jean que je m’étais acheté il y a quelques semaines. Je me suis sentie si fière de moi !

Je vais tenter d’expliquer pourquoi cette fierté mais aussi comment j’ai obtenu ce « résultat » avec une méthode qui ne serait absolument pas possible de voir écrit dans le numéro spécial maigrir de votre magasine féminin préféré.

En fait, mon « secrêt » pourrait se résumer en un concept : le lâcher prise !

Ok, ok certaines vont s’arrêter de lire maintenant. C’est vrai, c’est tellement con que tout le monde devrait l’appliquer. Et les nutritionnistes, et les magasines féminins perdraient tout crédit à vendre leurs régimes alimentaires ou leurs potions assurément onéreuses.

D’abord je suis partie de deux constats :

Le premier que plus j’allais mal, plus je compensais par la nourriture et plus je grossissais et donc .. plus j’allais mal. Un cercle vicieux.

Le second est que malgré mes

93 kg

, mon homme est arrivé dans ma vie, épais comme un sandwich SNCF (oui, c’est pas de moi !), qu’il n’était pas attiré par les grosses et qu’il m’a aimé telle que j’étais.

Combien peuvent souffrir les personnes de forte corpulence ! Seuls ceux qui ne l’ont pas vécu peuvent se permettre d’être arrogants. Les gros se voient fustigés lorsqu’ils savourent une gourmandise, reçoivent bon nombre de leçons de morale liées à leur «manque de volonté » et écoutent souvent sans rien dire des conseils avisés pour se priver de nourriture. Vivre dans la frustration et le pêcher me rendait folle !

Aujourd’hui j’ai une alimentation normale. Certains jours sont équilibrés. J’arrive à manger les fameux cinq fruits et légumes par jour et un rien me rassasie. D’autres jours sont marqués par une alimentation calorique : une tartine de Nutella au goûter, une tartiflette au dîner et un en-cas pour aller se coucher. Lorsque je vois les achats des personnes sur le tapis roulant de la caisse du supermarché, je ne me sens pas totalement dans étrangère à leur mode de fonctionnement alimentaire. Certes, comme tout le monde, j’aspire à une vie et donc une alimentation plus saine. Et oui, je n’ai pas atteint la perfection, ya des jours où j’ai « la flème de faire à manger » et j’engloutis n’importe quelle saleté qui me passe sous la main.

Mais j’ai arrêté ce rapport passionnel avec la nourriture, un coup teinté d’amour (que ce soit le chocolat consolateur ou les courgettes porteuses d’espoir), un autre teinté de haine, contre la nourriture perfide et contre moi-même. Aujourd’hui je mange selon ma faim et mes envies. Il a fallu que je maigrisse à des périodes où les pâtes et les patates sont reines à la maison ou que je grossisse a contrario à d’autres périodes où le dicton à la maison c’est « une bonne soupe et au lit » pour que j’arrête d’associer l’oscillement de l’aiguille de la balance avec le contenu de mon assiette.

J’ai décidé d’arrêter de culpabiliser et de me faire confiance : je mange selon ma faim ou mes envies. Il y a certaines périodes où je chipote mais globalement, je sais que je suis d’un tempérament gourmand. Mon chéri reste toujours éberlué quand le soir je lui raconte que je fantasme sur un foie de veau glacé au vinaigre et aux petites échalotes.      

 

La nouveauté c’est que je prends plaisir à manger et que je ne suis pas dans un système de frustration.

Quel luxe !

Et c’est souvent à ce moment que le questionnement devient plus agacé. J’ai même entendu dire que j’allais bien le payer un de ces quatre ce « m’en-foutisme » que j’arbore face à ce problème universel.

Il m’arrive souvent de répondre que ma baguette magique dans l’histoire c’est l’Amour. Dans un sens c’est vrai. D’une part parce que par le regard de mon homme, son amour et ses encouragements, ma silhouette est devenue progressivement plus gracieuse et légère. D’autre part, pour être claire, parce que les galipettes sous la couette, c’est évident, ça fait brûler des calories !

En fait, ça s’appelle juste la confiance en moi. Autant j’ai appris à avoir confiance en mon appétit, autant j’ai appris à avoir confiance en mon corps dans sa globalité. Avant tout, me sentir bien dans mes mouvements puis dans mes vêtements est un réel plaisir. Pour moi, après des années où m’habiller était un calvaire, une punition, un sujet que j’éludais, aujourd’hui je peux faire les magasins, choisir, définir mon style et trouver des vêtements qui me rendent jolie.

Nue aussi je suis jolie ! (bah non, il n’y aura pas de photo, désolée !). Ma grossesse a été une révélation dans ce sens. Je me suis trouvée belle avec ce gros ventre et cette démarche en avant. Comme j’ai caressé mon bébé lorsqu’il était en moi, je me caressais et prenais soin de ce corps qui avait pour mission de faire un beau bébé. Alors je l’ai aimé, tel qu’il est, avec sa peau d’orange sur le haut des cuisses, avec ces seins lourds et imposants, avec ces fesses qui paraît-il dansent quand je marche, avec ces cheveux longs et pas souvent coiffés, avec ses talons cornés et ce regard fatigué.

Ma victoire était là. Avant tout. Avant même d’être fière de devoir souvent renouveler ma garde robe pour « descendre à la taille du dessous ».

Oui je regarde les autres filles dans

la rue. Oui

il m’arrive de me dire : wahoo qu’elle est mignonne dans sa mini-jupe et de me dire que moi, dans l’état actuel des choses, cette mini-jupe me serrerait comme un saucisson corse en phase de salaison.

Mais je n’éprouve pas de jalousie.

Je me suis fait une raison. Je suis comme ça, les traits du visage un peu trop durs à mon goût, une allure faussement gamine, des seins et des fesses provocateurs et surtout, je sais que je ne suis pas filiforme. Non, je ne ferai jamais une taille 36. Et j’avoue même aujourd’hui que cela m’effraierait : je ne m’y retrouverais pas. Imaginez que d’un coup de baguette magique ou d’un coup de bistouri vous ayez la possibilité de vous réveiller dans le corps d’un top model : avant même que cela ne vous transforme en une vraie pétasse de salon, vous seriez avant tout perturbée, perdue dans votre identité. Je me trompe ?

Je me souviens du calvaire que j’ai pu connaître à détester ces kilos en trop. Un prétexte pour éviter mon reflet dans le miroir, pour ne pas être aimée etc… J’ai toujours certainement des kilos en trop. Mais aujourd’hui j’apprécie le poids que je fais, j’aime globalement ma silhouette et j’ai arrêté d’être en guerre avec ce besoin vital qui consiste à s’alimenter. Bref, j’ai lâché prise. Je suis fière de ce que je deviens, et ça fait du bien !  

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Commentaires
M
je crois qu'elle est là la clé, et tu l'as trouvée ! ;o)
L
un beau billet à mettre entre toutes les mains... à lire et relire...<br /> <br /> et je rajouterais -si je peux me permettre- que ce corps que nous avons, c'est dès le plus jeune âge que nous devons apprendre à l'aimer et à le respecter... valeur à transmettre à nos enfants...<br /> <br /> je t'embrasse Miss Line.
L
Dans le lâcher prise il y a tout : arrêter de culpabiliser, (s')accepter, refuser le contrôle, et tendre avec douceur vers un but.<br /> <br /> Le plus dur dans le lâcher prise c'est... de lâcher prise !<br /> <br /> "Ma baguette magique c'est l'Amour"... te serais-tu nourrie d'amour ?<br /> <br /> Je te fais une belle grosse bise qui claque !
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