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19 novembre 2007

L'hystéro me rend déjà hystérique

Lorsque j'ai créé mon blog il y a presque 3 ans je ne pensais pas qu'il prendrait cette tournure.

Pourtant je suis relativement philosophe.

Il avait un titre prédestiné puisque j'étais déjà convaincue que l'avenir, on peut s'y préparer sans être totalement certain de son déroulement.

Ce blog m'accompagne aussi dans les durs moments de ma vie. J'ai couru après un boulot : j'en ai un maintenant. J'ai même rencontré l'amour depuis ! Du chemin a été parcouru …

Je me rends compte que ces derniers temps il est beaucoup empreint d'impatience. Celle de devenir mère à mon tour. Et cela n'est pas si évident pour moi. Et j'ai découvert un monde dont j'ai longtemps entendu qu'un lointain écho, celui du parcours du combattant pour tomber enceinte. Aujourd'hui je suis en plein dedans et j'ai décidé que mon blog servirait à ça aussi : à m'accompagner dans ce bout de chemin.

Je vais continuer dans cette route d'écriture un peu pour moi, pour pouvoir exprimer les sentiments que j'ai à chaque étape, peu être pour recevoir un peu de votre amitié aussi mais aussi et surtout pour communiquer sur le sujet. Je me rends compte que ce problème touche énormément de femmes et pourtant jusqu'à présent cela m'étais très obscure. Car autant que nous avons appris, nous les femmes, à taire les douleurs des règles en silence, autant ce sujet me paraît être tabou. Et pour avoir vécu (et vivre encore un peu) au delà des angoisses et galères que cela puisse procurer, la procréation médicalement assistée reste elle aussi un sujet obscure. Alors je vais utiliser mon blog pour raconter mon parcours. Il ne fera pas office de légion, il sera à l'image de mon blog, juste un peu de moi.

J'ai donc pris cette décision d'écrire ces quelques lignes la semaine dernière, après mon dernier rendez-vous chez on gynéco. Après 19 mois d'essais infructueux, il était grand temps de se rendre à l'évidence : je vais avoir besoin d'un coup de pouce de la médecins pour tomber enceinte. Je suis sortie du cabinet à la fois effondrée d'entendre ceci malgré le fait que j'ai bien eu le temps de m'y préparer mais aussi avec une note d'espoir parce que je sais que malgré les embûches ce chemin devrait être parsemé de fleurs dans quelques mois … J'ai donc quitté le cabinet du médecin avec une idée en tête : affronter chaque obstacle de face et les surmonter uns à uns en ayant la ferme intention de ne plus perdre de temps, jugeant que j'en avais assez perdu comme ça et sachant qu'à chaque mois infertile qui passe, c'est un peu de mon moral qui est entamé.

Alors, la nouvelle étape consiste à faire une hystérographie. Ou pour être plus dans le coup "une hystéro" sur mes trompes de faloppe (que ces mos sont laids, c'est un concours ?). On m'avait prévenue, l'examen est douloureux, il me faudrait prendre une journée de congé pour m'en remettre. Déjà, j'ai tenté d'éviter d'appréhender cet examen, je fais abstraction. J'ai jamais eu peur ni des piqûres ni de me faire opérer. Et je me raisonne en me disant que je suis en bonne santé et que c'est "pour la bonne cause". J'essaie aussi de faire abstraction de mes jours de congés que je vais prendre par anticipation et commencer à me faire à l'idée que ce ne sera pas encore sur l'été 2008 que je mettrai un joli maillot de bain deux pièces sur une plage des Antilles .. c'est pas grave, "c'est pour la bonne cause" !

Déjà, pour prendre rendez-vous, il faut jongler : "à faire tout de suite après la fin des règles". Alors en fin de semaine dernière, j'ai bien dégusté. Elles étaient bien là, les salopes. Bien rouges, bien douloureuses, bien envahissantes. Prévisible. Je résiste. Je profite pour prendre rendez-vous par téléphone. Déjà là, il a fallu jongler parce que bien évidemment, il est hors de question que mes collègues soient au courant de ces événements qui aujourd'hui ne les regarde pas. Alors j'ai attendu qu'il n'y ait personne dans les parages pour appeler le centre de radio de ma commune. La bonne-femme pas aimable. On est en période de grèves mais quand même. Je suis exigeante : je veux un rendez-vous rapidement. Je lui explique, bien qu'elle ait plus l'habitude que moi de ce processus. Elle me dit d'un ton désabusé qu'elle n'a pas de place. Puis, parce que je commence à gueuler à l'autre bout du combiné qu'il est hors de question que je laisse passer un cycle supplémentaire rien que pour cet examen, elle débloque miraculeusement un rendez-vous pour jeudi. Je souffle enfin. Mais elle me glisse qu'il faudra impérativement que je passe samedi matin chercher une ordonnance. Il y a un traitement à prendre. Nous finissons donc par nous entendre, ai-je cru, et je raccroche contente presque de pouvoir me faire torturer les trompes !

Samedi matin, mon emploi du temps ne tourne qu'autour de ça. Mon chéri tente de me suggérer de prendre Monsieur Chien avec moi pour qu'il fasse autre chose que le tour du quartier. Je refuse, d'humeur limite due à ma fébrilité. Je ne veux pas de Monsieur Chien avec moi. Il sent trop quand je stresse et stressera avec moi, ce qui ne m'aidera pas. Alors vers 9 heures (parce que je n'en pouvais plus d'attendre) je m'en vais d'un pas décidé vers ce centre de radio. Il fait très froid. Les trottoirs sont glissants et les quelques étendues de pelouse couvertes de blancs. Le tram ne fonctionne pas, les conducteurs sont en grève parce que la pénibilité de leur travail ne serait pas prise en compte dans la nouvelle loi sur les retraites. Et moi, du coup, je suis congelée sur place par le vent glacé qu m'empêche d'avancer. Arrivée au centre, je me dirige vers le guichet où se trouve une femme faussement blonde et visiblement vulgaire :

- "Je viens pour chercher l'ordonnance de l'hystéro pour laquelle j'ai rendez-vous jeudi prochain

- Vous êtes diabétique ?

- Non, j'ai juste des antécédants mais mon taux de sucre est normal.

- Des allergies ?

- Oh, juste à l'aspirine, mais c'est tout.

- Attendez, je reviens."

Elle part dans l'arrière boutique sans même avoir poser encore le regard sur moi et reviens dans la minute :

- "Tenez, je vous rends vos papiers. On ne fera pas votre examen.

- Et pourquoi ?

- Parce que vous avez signalé une allergie et qu'on ne sait jamais, l'hystéro peut mal tourner avec les produits qu'on vous injecte, et nous on prendra pas le risque de vous prendre en charge. Allez donc dans une clinique ou un hôpital."

Et là, ça a été plus fort que moi. Non, elle ne pouvait pas me faire ça ! C'est trop con ! J'aurai mieux fait de me taire avec mon allergie qui date de Matusalem ! Et je crise : pourquoi elle me fait ça. Elle s'en fout la blondasse de mon désir d'enfant, de cette attente qui me bouffe, de ce que ça engendre de crainte, de doutes, de pleurs… Je claque la porte après l'avoir traité de conne. Et je retourne chez moi, en pleurs. C'est trop ou c'est le début, je ne sais pas. Mais si c'est rien pour elle, c'est beaucoup pour moi. Comme la petite goutte d'eau qui fait que là, les larmes, je n'arrive plus à les contrôler. Et je suis dans le froid, comprenant les regards interrogateurs face à mon visage embrumé mais je ne peux leur offrir un sourire réconfortant. Et je croise un chaton mort dont le pelage est blanchit par le gel de la nuit. J'ai envie de vomir. Je suis rentrée à la maison directement dans les bras de mon homme et me suis encore mouchée dans son pull. Il a tout fait pour me faire un beau week-end, pour s'occuper de moi, me faire plaisir, me distraire aussi.

Et pourtant ce matin, je suis arrivée en retard au travail à cause des conducteurs de métro qui font toujours grève. Et j'ai passé la matinée à chercher un endroit où passer cet examen. Je n'ai même plus cherché à me cacher de mes collègues. Ni à être bon petit soldat et privilégier le travail qui m'attendait. J'ai fini par trouver une secrétaire de radiologue aimable qui m'a trouvé une date de rendez-vous. C'est vendredi. Elle m'a même faxé l'ordonnance des médicaments à prendre avec les quelques indications minimales nécessaires. Et je vais attendre vendredi que cela "se fasse" et m'attellerais à l'étape d'après : j'ai d'autres examens à faire, mais cette fois-ci dans un laboratoire normal, dans des conditions presque banales avant de prendre un dernier rendez-vous chez mon gynéco avant de partir pendant quelques mois dans la grande aventure de la PMA.

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Commentaires
L
décidément nous en partageons des points communs... j'ai une seule allergie... à l'aspirine... entre autres...
R
Je me souviens en effet que quand j'ai commencé à te lire, tu n'avais pas encore rencontré l'amour... Comme le temps passe vite ! :)
S
Dire que pendant des années, le souci était de ne pas tomber enceinte...<br /> <br /> Je pense que tu as raison de partager avec nous ton parcours, tu n'es pas la seule malheureusement et peut être que d'autres femmes pourront te rassurer :).<br /> <br /> Courage, ma belle !
M
Coucou Natacha, ce n'est pas grave pour l'envoi en doublon. Et surtout sache que ton message m'a quand même vachement rassuré... <br /> Il faudra juste concentrer nos énergies très très fort pour qu'un bus puisse m'y emmener ...
N
zut, pk il s'est mis 2 fois ????<br /> désolée !!!!
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