Ce serait la maison du bonheur

Mes digressions. Elles me donnent des sujets à penser. Des sujets à écrire. La liberté de création.

Je quitte le travail tôt aujourd'hui. J'aurais préféré rester plus longtemps. La journée fut trop courte.

J'aurais aimé dire au revoir à l'Ours Padington qui quitte l'entreprise pour de verts pâturages. Je l'aimais bien, ce nounours. Papy cool. Un joyeux sage, un peu fou tout de même. Il savait relativiser et venait toujours nous voir, Lo et moi avec un franc sourire. Rayon de soleil.

Je m'installe à son bureau, vide depuis ce matin. Il est là, à errer. Heureux de partir. En fait je ne le connais pas, il ne me connaît pas. Mais j'ai envie de lui laisser une trace d'amitié avant de partir. Je prends son bloc vide, sur son bureau vide aussi et attrape un stylo feutre rouge qui traîne éseulé sur ce bureau de départ.
Et j'écris. Des bétises. Juste une trace. Dix lignes pour une phrase ! Je ne me relis pas. Je laisse la spontanéïté faire son oeuvre. Je prends un grand plaisir à écrire ce petit mot. Décalé par rapport à la culture de l'Usine à gaz.

Et là, je me rends compte de l'écueil qui me sépare de ce monde d'ingénieurs. "Littéraire", on me dirait ! Cette qualification, je l'ai entendue bien souvent dans ce beau monde de l'entreprise privée. Chez les Cons Sultants déjà, chez les tristes Picsous et chez les Ingénieux Ingénieurs. Parfois amusés, souvent dédaigneux, cela semble interloquer, quoi qu'il en soit.

Moi, j'assume. J'aime cette différence. Je les laisse souvent imaginer mes incompétences. C'est vrai, tout le monde sait écrire, lire. Moi, je ne sais pas faire des plan d'usine à gaz. Les valves, les pistons, la cryogénie, je n'y comprends rien. Eux, ils peuvent lire l'Equipe, l'Usine Magazine voire même Hugo sans trop de soucis. C'est l'avantage de la littérature. Accessible à tous, à tout niveau de lecture, de compréhension, d'apréciation.
Mais il n'y a bien qu'eux pour me qualifier de littéraire. Si cela se compte au nombre de livres au mètre carré, oui je le suis. Si cela correspond à la sensibilité littéraire, à la fluidité et la créativité de l'écriture, je reste beaucoup plus humble.

Du coup, en quittant l'Usine à gaz ce soir, je me suis demandée où était ma place. Dois-je à tout prix vouloir survoler un monde qui m'est hermétique ? Je trouve ça distrayant pourtant, et enrichissant aussi. Ou devrais-je consacrer mon temps, ma vie à ce qui me correspond ?
Et là, le rêve réapparaît. En pleine face. Celui que j'ai au fond de mon coeur depuis toujours.
Une maison à la campagne, du vert tout autour de moi. L'écriture bien sûr, vitale. Et ce que j'aime. Des enfants qui courent de partout, des animaux calmes et sécurisés, mon amour, un peu de soleil. Voilà la carte postale de mon bonheur rêvé.

Mais pourquoi cela est-ce une carte postale ?  Faut-il que je construise ce rêve ? Faut-il le laisser encore à cet état de fantasme ? Quels seraient les éléments qui freineraient la réalisation de ce rêve ? Que me faut-il comme outil pour le construire ? Pourquoi utiliser le conditionnel ? Quelles sont les conditions ?

Je me pose ces questions, sans réponse valable. Mais je pense tout de même que demain, je retournerai à l'Usine à gaz, sans mes poules, mes oies, mon âne et mon chien, sans mes enfants aussi, sans mes bottes de jardinage ni même sans mon amour. Mes avec ces questions, omniprésentes.

Comments

[Maud]

Des questions, quoique l'on dise, on en a tous plein la tête alors hop, on les traine avec nous !

[Pitch]

Prends tes pinceaux.
Dessine ta maison.
Pas la maison que tu aurais, mais celle que tu auras.
Donne du corps à ton rêve, et tends vers ton but.

(j'ai l'impression de faire mon Dufayet non ?)

Je t'embrasse.

[Miss Line]

bah non, c'est un luxe que je n'ai pas pour l'instant

[Cassiopée]

Pourquoi la baignoire se remplit AVEC des casseroles ??????
Vous n'avez pas l'au courante , avec un robinet par lequel elle sort ?????

[Miss Line]

Merci cassiopée. Après un bain recroquevillée dans ce sabot rempli par des casseroles d'eau chaudes, je vais regarder ce petit bonbon. Je suis prête pour la vie rudimentaire de la campagne !