La pluie
Salut, c'est de nouveau moi, Monsieur Chien.
Miss Line est partie ce matin en laissant le clic-clac de traviole. Pas le temps de réparer le mécanisme. Et je dors où moi, toute la journée ?
Bref, la porte fermée, je commence ma journée au calme. Je roupille. Je vais boire un coup. Et puis je roupille. Tiens, quelqu'un passe devant ma porte, j'aboie, deux fois, juste pour impressionner. C'est ma mission à moi de protéger Miss Line et notre maison.
La journée passe. Les humains pensent que la notion du temps nous échappe, à nous les chiens. Mais pas du tout. C'est long...
Heureusement, j'entends des pas familiers dans le couloir. C'est elle ! Youpi. Elle fait du bruit avec ses clefs et dès qu'elle met un pas dans notre appartement, je suis envahi de bonheur. Je réclame une caresse. Allez, Miss Line, sois pas avare, tu peux m'en faire deux.
Elle pose ses affaires à droite, à gauche dans l'entrée. Je ne calcule pas : je suis trop heureux. Ca y est, c'est le soir, on se retrouve tous les deux. Je vais avoir le droit à ma gamelle (bah oui, c'est primordial quand même), des petites caresses, vais peut-être apercevoir ma chérie, Nala et surtout savoir juste qu'elle est là.
Comme chaque soir où elle revient du travail, dès qu'elle arrive, elle va et vient dans l'appartement, sans trop me regarder d'ailleurs, et tout d'un coup, va dans l'entrée, prend la laisse et mon collier (elle hésite souvent, j'en ai plusieurs, elle me gâte, Miss Line).
Tiens, ce soir c'est une des plus courtes. Ca m'est égal, ma vessie se rappelle à moi tout d'un coup et ça me fait plaisir de prendre l'air.
On descend en trombe les escaliers, je la laisse passer devant, je suis galant, moi ! Et elle ouvre la porte de l'immeuble...la cata !!! Il pleut ! J'ai horreur de ça. Oh non, Miss Line, on peut faire demi-tour, je n'ai pas envie de me mouiller. Allez, on rentre ?
Non, elle avance, d'un pas décidé. Cette andouille a oublié son parapluie et son pull. Lequel de nous deux est le plus mouillé ? Ca se vaut. Un homme se marre en nous voyant, au volant de sa voiture, au sec. Pfff, on l'ignore, on le snobe.
Je lève la patte sur tous les arbres du quartiers. Miss Line fait demi-tour au bout de la rue. On se regarde, elle s'excuse. Mais je comprends.
On prend le chemin du retour : ouf. Là, je prends les devants. Je connais le chemin par coeur. D'ailleurs, elle me lâche, je cours un peu. Direction : au sec !
Nous remontons rapidement les cinq étages. Arrivés à la maison, elle se déshabille directement et me dit de filer dans la salle de bain. Je ne me fais pas prier : je sais ce qui m'attend. Et là, c'est le pied ! Elle s'assoit par terre et sort le sèche-cheveux. Pour moi ! J'adooooore ! Cette chaleur sur mon pelage mélangé à ses caresses. Je pose ma tête sur son genoux, et ferme les yeux. Oh que c'est bon. Et en plus, ce soir, elle prend le temps de me sécher complètement, elle a l'air calme, ça me râvi d'autant plus.
Ca y est, c'est fini. J'ai même droit à un bisou sur le front. Oh que je l'aime ma Miss. Par contre, ça me rend un peu triste parce que, elle, elle a oublié de se sécher. Elle va être malade si elle ne fait pas attention à elle.