Le grand virage
Je me suis rendue compte aujourd'hui qu'il était important pour moi de me poser, d'apprécier tous les merveilleux cadeaux qui me sont offerts actuellement.
Après une période très difficile d'enfermement, de combats contre de nombreux moulins à vent, de batailles stériles, le soleil est apparu, comme "par hasard" (bon, ok, je n'y crois pas à ce fameux hasard, mais j'ai besoin de m'arrêter pour apprécier ce beau rayons de soleil).
Réveil à 6h. Je saute du lit, je fonce, j'arrive au travail, je me lance dans plusieurs choses à la fois, je me bats contre ce foutu scan, je patauge, je fais des bétises, je tente de rectifier le tir. Ma collègue de bureau (nous avons renommé notre bureau "le pôle MLF"... il faut bien se serrer les coudes dans ce monde paternaliste voire machiste) est également en pleine effervescence. On frôle l'une et l'autre la panique. On se regarde, on s'arrête, et tout d'un coup, un rire expiatoire envahit le bureau. La joie de vivre. Le plaisir de faire monter l'adrénaline. Était-ce nécessaire ? Je n'en suis pas convaincue. Je finis pas me fatiguer, faire de plus en plus de bétises. Je ne sais plus si j'ai déjà gérer ce dossier, si j'ai rectifié ce document. Je n'appelle pas mon interlocutrice grecque, je me sens incapable de dire quoi que ce soit de censé aujourd'hui. Je finis par rendre les armes. J'étale les dossiers sur mon bureau, me mets une tonne de post-it dessus et éteints mon ordinateur.
Enfin, je sors. Il fait merveilleusement beau. J'ai envie de marcher, de sentir la caresse du soleil sur moi. Alors je marche. Je me laisse portée par le hasard du chemin qui se présente à moi. Je découvre enfin une partie du quartier que je traverse quotidiennement. Exotique. Une parenthèse enchantée, un bonheur éclatant. Une intensité à la limite du gérable.
Je reprends le métro. Le grand vide. Je me sens seule, triste. Tout s'arrête. Le temps, l'espace. j'ai la sensation de passer à travers. Je reste, malgré les tunnels du métro, proche du soleil. Je veux garder sa présence le plus longtemps possible. Je traverse la ville à une vitesse vertigineuse. Je prends un métro, puis un autre, puis un bus. Je tente de regarder les gens pour me ramener à la réalité. Non, je n'y arrive pas. Alors, je reste dans ma bulle. On m'adresse la parole. Je retourne quelques secondes les pieds sur terre. Sitôt arrivée, je monte, redescends et remonte les 5 étages avec une facilité inquiétante. Monsieur Chien ne s'aperçoit pas visiblement que j'ai changé.
Alors ce soir, je vais me poser. J'ai besoin et aprécie tellement ces merveilleux cadeaux de la vie qui me sont offerts depuis bientôt un mois. On dit souvent que c'est lorsqu'on s'y attend le moins que les choses arrivent à soi. Nul besoin de combat en fait. C'est évident. Mais mon équilibre passe par là, une alternance d'intensité et d'apréciation des choses. Alors maintenant, je suis chez moi, seule, face à mon ordinateur et apprécie ces beaux moments vécus et à venir..