La mue du lézard
J'avais envie d'écrire aujourd'hui. Envie et besoin. Mes quelques angoisse et mon amour. Mes émotions.
Mais je n'y arrive pas. Parce que je sais que ce que j'écris sera lu. Et même s'il s'agit de la règle du jeu depuis le départ, je ne supporte pas ce soir de donner de mon intimité.
Je prends du plaisir à écrire sur ce blog. des états d'humeur, des petits riens. Je suis lue par des gens de passage, d'autres qui me connaissent depuis quelques mois virtuellement, et encore ceux qui me connaissent réellement.
Il m'est difficile d'écrire librement aujourd'hui. Même si je parlais de la pluie qui tombe actuellement, je donnerais un petit peu de moi. Chacun irait de ses digressions. Et l'idée que l'on prendra ce que je donne me donne des vertiges. Pour quoi (pourquoi) donner ? A qui ? Comment recevez-vous ces écrits ? Tant de questions qui, aujourd'hui, me laissent interdite. Sans voix. Oh non, vous n'êtes pas fautifs, mes chers vampires ! Mais aujourd'hui, l'idée d'être lue me coupe les ailes.
Miss Line est née et vit à une période charnière de ma vie. Elle est née sans prétention. Et elle a grandi. Elle a pris forme. Elle vit de solitude, de rage, de bonheur. Elle me permet d'exprimer un trop plein, de jouer avec les mots, de les séduire, de me laisser séduire par eux aussi. J'avoue aussi me servir d'elle pour vous séduire, chers lecteurs. Et c'est un vrai délice. Je ne connaissait pas cette part de moi. Et je prends un réel bonheur aussi à vous savoir là. C'est un fait : j'aime écrire.
Miss Line c'est beaucoup de moi. Elle est autre, mais elle est moi surtout. Je me cache derrière un pseudo qui ne me protège plus tant que ça. Cette année, bientôt, d'écriture sur ce blog marque une étape très importante de ma vie. La mue du lézard. Celui de Bilal, celui de Morrisson, le miens surtout. Je suis en train de me défaire de cette peau encombrante aujourd'hui.
Miss Line a besoin de vivre encore un peu, quelques jours, quelques semaines, quelques mois peut-être. Je ne sais pas.
La transition se fera en douceur, parce que je me sens responsable de certaines de vos lectures et parce que je ne saurai abandonner brutalement cette amie, cette part de moi.
Et une nouvelle forme d'écriture doit naître. Elle est en train de naître. Je suis prête à franchir cette nouvelle marche. Comme une maman qui attendrait l'arrivée de son enfant, je le sens bouger en moi. Un jour, il sera temps qu'il sorte, s'envole et s'exprime. Ce jour venu, il sera seul sujet de mes attentions. Et ce blog n'aura plus assez de place et d'oxygène pour vivre.
Mais aujourd'hui, bien que ce texte soit une fois de plus, peut-être même plus cette fois-ci que jamais, une grande part de mon intimité, je sens que seul le silence n'apporte une réponse à mes questions. Alors, pour ce soir, je me tais.