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De quoi sera fait demain ?
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15 juin 2005

Plaisir des yeux

Ce matin j'ai eu mon 15783ème entretien d'embauche. Un peu blazée quant au contenu de mon spitch, je me suis concentrée d'avantage sur ma tenue vestimentaire. Étant fauchée -ce qui est le propre de quelqu'un au chômage- je ne croule pas sous les tailleurs -d'ailleurs, ça m'arrange, je n'aime pas ça. Mais il est vrai que cela commence à être ardu : mes quelques vêtements "potables" (hors jeans), j'ai l'impression de les mettre tous les jours actuellement. Et ça ne m'amuse plus de jouer les dadames avec mon unique pantalon camel (un coup avec un haut noir et camel : classe, un autre avec une tunique marron "ethnique-chic", un autre coup avec une veste de tailleur noire ...). Bref, aujourd'hui, j'ai fait sobre, triste, passe-murail : pantalon noir, chemisier blanc. Doublement mauvaise idée puisque je suis rentrée sous la pluie et le chemisier blanc commençait sérieusement à jouer des transparences et que je n'étais pas, dirons-nous, dans la tonalité artistique du lieu ..

Bref, je me dirige dans le centre de Paris pour cet entretien. Quartier à la fois misérable -parce que rempli d'ateliers de travailleurs clandestins : non non, je n'affabule pas : j'en ai vu un se faire prendre devant mes yeux) et top mode (non loin du Marais et de ses bars aux drapeaux arc-en-ciel). Je trouve difficilement l'adresse. Je monte au dernier étage d'un immeuble d'habitations sans ascenseur (tiens, comme chez moi) : entre le souffle coupé et le coup de chaud que j'obtiens arrivé en haut, je devais ressembler à la plouc du village.

Il s'agit d'une pseudo agence de pub. Appartement luxueux. Parquet grinçant. Meuble d'intérieur top design, tableaux signés top dépressifs, aspirateur, casque de moto, chaîne hi-fi, tout ça dans un joyeux désordre. Je croise des minettes et minets dignes de la caste des "fashion-victims" (si, si, ça existe pour de vrai !). Grand maigre en jean, savates et mèche rebelle "et, salut toi !" Oups, c'est à moi qu'il parle ce p'tit jeune ? Mini poufs piercée partout sur le visage (j'ai rien contre, moi je l'ai fait au nombril, j'avais peur de limiter mes chances d'adaptation dans la société avec un en "mouche" au dessus des lèvres - et franchement, j'aime pas !), rose flashy, jupe sur pantalon, passent les unes après les autres devant moi pour me dévisager. Bon, heureusement, c'est une petite boîte, elles ont vite fait le tour.

Hugo de la Poulette va vous recevoir dans peu de temps, il est en rendez-vous. Qu'à cela ne tienne, mais qu'il ne traîne pas trop, j'ai déjà hyper envie de partir. Je l'imagine "patriarche en costard-cravate laissant batifoler une cour de petits jeunes, soixante-huitard gaucho mais pas trop qui "laisse leur chance aux jeunes".

Hugo arrive. Bah je ne le reconnais pas. Je vais m'évanouir : il est TROP TROP BEAU ! Jeune homme (pas plus vieux que moi), baskets, jeans et tee-shirt jaune particulièrment froisé. Je craque. On s'installe dans son bureau. Merde, ce sont des baies vitrées et les poufs sont aux aguets (sinon, je lui aurais bien sauté dessus moi à Hugo pour lui montrer mes compétences .. ouh là, je deviens vulgaire .. ). L'entretien dure 10 minutes, montre en main. Un records. Mon CV fait deux pages et il me demande juste si je fais des fautes d'orthographe et si je sais répondre au téléphone ... non, je tente de ne pas faire trop de faute (quoi que..), j'ai une licence de lettres, Monsieur Hugo ! Et quant au téléphone, s'il savait, je sais parfaitement passer des heures pendue au combiné avec les copines ! (non, ok, je ne lui ai pas répondu ça). Il me regarde à peine. Moi, je tente de me contenir : je sens mes joues rougir et ma bouche rester invariablement ouverte (bouche bée, on dit en français).

Il me raccompagne à la porte. Je sors. Basta.

J'ai une chance sur je ne sais pas combien, mais peu en fait, d'avoir ce poste. Il y a quand même un grand écart entre mon cv et ce qu'il demande vaguement. Et le monde des bobos m'échappe quand même un peu. Quelque part, là, je m'en fous : j'ai eu 10 minutes de bonheur.

Bon, à l'avenir, il va falloir jongler quant à ma présentation. Demain entretien dans une banque : tailleur. Entretien dans un cabinet d'avocats : tailleur. Agence de pub : n'importe quel sac à patate, mais jolie, on ne sait jamais ...

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