Une étincelle d’obéissance et d’agilité
Le quotidien de Monsieur Chien peut sembler être un désastre. Pour preuve, ses yeux de merlan frit qu’il arbore à longueur de temps.
Certes, il a la lourde tâche de garder la maison seul dans la journée. Bon, ça se résume surtout à dormir dans son panier, faire peur aux pigeons qui oseraient s’approcher de sa terrasse et aboyer quand ses copains l’appellent.
Il est vieillissant mon pauvre chien. Parfois, il ne nous entend même pas rentrer. Alors on le réveille et encore fripé par sa longue sieste, v’là t’y pas que mon homme sort déjà l’aspirateur et compte les poils laissés sur le carrelage.
Là, Monsieur Chien est totalement réveillé !
Son estomac aussi.
Or notre pauvre Crapaud Poilu tente de nous amadouer avec son air malheureux : il préfèrerait qu’on lui donne notre steak plutôt que ses vulgaires croquettes. Ca arrive, mais me concernant, plus rarement que son maître adoré … j’ai moins de scrupules à lui donner des croquettes, au gourmand !
Ce qui le caractérise le plus ? La gentillesse à toute épreuve et son sens aigisé de la désobéissance. Hier soir encore, on s’y est mis à deux pour le supplier de rentrer se coucher au chaud. Je ne parle même pas d’un chien qui rapporte la balle qu’on lui lance ou d’un autre qui marche au pas sans laisse : j’y ai renoncé depuis longtemps (l’exercice fonctionne mieux avec Chéri qu’avec moi … c’est limite vexant !)
L’emplâtré sur pattes commence à être rouillé à force de larver dans son panier. Parfois, il a les fonctions motrices qi ne suivent plus. Alors, je lui fais une petite mixture à base de crème fraîche et de médocs qu’il avale le soir, tout joyeux. Rien que l’approche du bol magique le réanime ! Il tourne, il saute, je suis rassurée.
Et je désespère toujours lorsqu’il fait le fou lorsque je le promène. On m’interpelle, avec indulgence : « il doit être jeune, c’est pour ça ! » ... bah non, même pas…
Ce matin, après avoir été réveillé par la 8ème Merveille du Monde à 5 heures du matin, je suis allée voir le Crapaud, boire mon thé avec lui. Assis sagement à mes pieds, j’ai savouré ce moment de calme en compagnie de mon vieux chien. Une sorte d’ange de la béatitude a traversé les lieux. Ca faisait tellement de bien !
Et puis le bougre a reculé. D’abord je ne me suis pas méfiée. C’est vrai que j’étais dans le pâté. Tout d’un coup, il a foncé puis sauté sur mes genoux, comme ça, sans prévenir ni demandé !
Mon thé a été renversé, puis tout ce qu’il y avait sur la table à mes côtés. Ca a fait tellement de bruit, j’ai tellement crié, que le chien, de lui-même, est allé se recouché. Il a bien compris qu’il avait fauté !
Moralité : un vieux chien rouillé et désobéissant est capable de miracles dans certaines circonstances : il a fait preuve d’agilité et d’obéissance, sans que je ne lui ai rien demandé !