Angoisse dans le métro
La journée commençait bien. Certes, j'ai eu du mal à sortir du lit mais mon humeur était plutôt joyeuse et je profitais pleinement des gestes et regards pleins d'amour que m'offrait mon homme. Et le métro s'est progressivement chargé de passagers. Plus nous avancions dans les stations, plus je me sentais serrée, oppressée. Avant qu'elle n'arrive j'ai tenté de fermer les yeux, de faire abstraction, de déporter mon esprit ailleurs, dans un lieu plus serein, mais l'angoisse s'est installée quand mes doigts ont dû lâcher le bout de blouson de mon homme auquel je tentais de m'agripper, pour me rassurer. Et ils se sont mis à me bousculer, et mon espace vital s'est réduit comme une peau de chagrin, inexorablement. Il faut faire face, dans le métro à ces désagréments. On le subit tous. Ces inconnus trop proches de moi vivent cette même promiscuité subie avec résignation. Mais là, je n'y arrivais pas. J'aurais aimé les pousser, tous, pour que je puisse respirer. J'aurais aimé crier pour évacuer mon angoisse. Je ne faisais que retenir mes larmes et demandais à mes jambes de me tenir debout encore quelques minutes. Je suis arrivée au bureau non sans peine. Je n'ai même pas voulu faire le dernier kilomètre à pieds, comme il nous arrive de le faire quand le temps et l'humeur s'y prêtent. Au contraire, je suis allée m'installer pour quelques minutes dans le fond d'un bus, assise en tentant d'évacuer toutes ces mauvaises pensées. Et arrivée au travail, j'ai retrouvé des travaux qui n'en finissent pas : des ouvriers tapent dans les murs, d'autres jouent du marteau piqueur, la poussière agresse mes yeux que je tente de ne pas laisser pleurer. Et untel vient me voir pour se plaindre du système, un autre m'accable d'une erreur commise la veille… Cela fait trois heures que je lutte contre la démoniaque angoisse. Elle partira, elle n'ira pas plus loin heureusement. Cela se voit à peine aussi. Il n'y a eu que mon homme qui m'a demandé timidement si ça allait. Ma réponse positive l'a, semble-t-il, rassuré. Une collègue aussi me trouve pâle mais je profite d'un moment de répit pour tenter d'équilibrer de nouveau mes nerfs. C'est triste, mais je n'aime pas la promiscuité, je n'aime pas la foule, je ne suis pas résignée face à ce théâtre quotidien que nous vivons dans les transports en commun. Je veux de la campagne, du vert et du calme. Je veux décider du quand et comment je voudrais me "frotter" à autrui. Je voudrais cesser de me laisser envahir parfois par ces angoisses liées à la foule. Peut-être être comme tout le monde ?