Mes ex-cheveux blancs
J'ai frôlé l'incident diplomatique ce week-end. J'avais une marotte, celle d'enrayer à tout prix le passage du temps sur ma longue chevelure. J'ai embêté tout le monde avec ça. Mais il y en a un qui a eu le privilège (quelle chance il a tout de même, en a-t-il conscience ?) d'être bombardé de mauvaise humeur :"suis mocheuuuh, j'deviens vieilleuh …", d'interrogations forcenées : "mais tu crois que c'est normal à mon âge d'avoir tant de cheveux blancs?" et de harcèlements dignes d'être présentés aux Prud'hommes. Il fallait ABSOLUMENT enrayer le problème, et rapidement si possible. J'ai eu quelques scrupules, tout de même, parce que des caprices, il en a toute la journées avec ses deux louloutes. Ca doit être dur tout de même d'être le seul homme d'une tribu de Donc, les minettes n'étant exceptionnellement pas là ce week-end, je me suis fait un devoir de prendre la relève. Finaud, dès vendredi soir il m'a emmené dans sa tuturmobile dépenser mes quelques deniers durement gagnés pour acheter cette sacro-sainte couleur (j'avais envie de "jouer" et de la faire "maison" …le drame !). Arrivée au rayon des colorations en tout genre, il m'abandonne lâchement :"je vais faire un tour"… Dix minutes après, on se retrouve dans les rayons, lui avec du fromage à gogo, moi, les bras ballants : "sais pas quoi prendre … c'est compliqué, y'en a trop…au secours, j'ai besoin de ton aide". Il semble abattu : "va-y ma chérie, prends ton temps". Oh la la, qu'il est adorable, mon homme tout de même… Alors, je retourne dans les rayons, un peu regonflée et en profite pour demander conseils à une gentille jeune femme sur les secrets de la coloration capillaire. Heureuse, je prends une grosse boîte rouge "couleur + mèches", parce que je le vaux bien (ok, là, c'est facile). Mon chéri, entre temps, est allé chercher les croquettes de Monsieur Chien et nous allons joyeusement compléter la hotte du Père Noël. Le lendemain, je fais preuve de stratégie somme toute machiavélique. Après une petite sieste, je fonce dans la salle de bain m'enduire de produit colorant. La première étape est facile. Pour la seconde, les mèches, j'ai besoin de mon amour. Alors, je retourne dans la chambre le réveiller : "mon chéri, j'ai besoin de toiiii". Il commence donc à enfiler les gants et suit mes instructions. Quarante-cinq minutes, oui, il a passé quarante-cinq minutes à me tripoter la tignasse méticuleusement en râlant, pestant, bougonnant. Je lui demande timidement s'il m'aime encore : pas de réponse ; c'est bien ce que je craignais ! J'ai cru parfois qu'il allait me laisser pourrir assise sur le rebord de la baignoire avec la moitié du produit sur la tête. J'ai cru aussi qu'il allait me traiter de tous les noms. J'ai cru enfin qu'il allait m'exploser le crâne contre la baignoire. Et bien NON ! Il mérite une médaille, mon homme. Je l'ai remercié, prête à me prosternée à ses pieds. "Tu me remercieras quand tu verras le résultat, j'ai jamais fait ça, moi !". Une demi-heure après, le verdict tombe : j'ai de superbes cheveux brillants avec de beaux reflets subtils. Ca me plaît énormément. Je me sens belle, je me sens aimée. Il m'a quand même dit qu'il m'avait bien maudite pendant quarante cinq minutes mais qu'il serait prêt à recommencer pour me faire plaisir. Il n'est pas merveilleux, mon homme ? chieuses filles..
"Au fait, tu m'aideras à la faire ma couleur ?"
"Mais oui"